Méthode Feldenkrais et Créativité

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Paris

 

DU MOUVEMENT DANS L’HYPNOSE

mouvement et hypnose

DU MOUVEMENT DANS L’HYPNOSE

On a souvent une image « classique » de l’hypnose où le sujet est immobile, voire allongé, silencieux, comme « endormi ». Lors d’une séance d’Hypnose Générative, nous travaillons au contraire en posture dynamique, en intégrant des mouvements, et avec des échanges de paroles. De récentes découvertes sur le cerveau confirment et expliquent l’efficacité de ces pratiques.

Hypnose et sommeil

L’étymologie du mot « hypnose » renvoie à Hypnos, un dieu grec qui personnifie le sommeil et le pouvoir de la nuit. Un sommeil qui permet d’oublier ses maux, mais aussi de trouver l’inspiration au réveil.

De fait, l’image qu’on a d’une séance d’hypnose renvoie souvent à cette idée du sommeil : être allongé, ne pas parler, laisser vagabonder son imagination. En tout cas, on a l’idée qu’on perd la conscience d’un certain nombre de choses liées à l’éveil, comme dans l’hypnose de spectacle, où le praticien prend le contrôle des gestes dont les sujets ont perdu la conscience.

Mais depuis une vingtaine d’année, l’hypnose a beaucoup évolué. En Hypnose Générative, nous invitons le sujet à travailler dans l’écoute de son corps, de sa respiration, des sensations… et de ses mouvements. Poser un mouvement pour représenter ce qu’on souhaite ou ce qu’on ressent, marcher vers le futur : autant d’exemples d’actions qui vont pouvoir soutenir le travail et renforcer les résultats d’une séance.

Dans une certaine vision traditionnelle de l’hypnose, le sujet est influencé par des suggestions qui seraient implantées dans son inconscient pendant que le conscient est endormi… « vous serez dégoûté par la cigarette ». Mais force est de constater que ça ne marche pas, ou pas si bien que cela…

En Hypnose Générative, le sujet apprend au contraire à circuler entre différents niveaux de conscience et à mobiliser des énergies, en tenant compte de tout ce qui est là. Ceci est validé par des découvertes récentes sur le fonctionnement du cerveau, qui nous engagent à envisager autrement le fonctionnement de la conscience.

 

Une nouvelle représentation de la conscience

Je n’entrerai pas ici dans le débat psychanalytique entre conscient et inconscient. Je suis souvent amenée à expliquer aux personnes qui travaillent avec moi que la signification de ces termes dépend du cadre dans lequel on se place. L’inconscient dont on parle en général en Hypnose depuis Milton Erickson, c’est un réservoir de ressources que nous pouvons convoquer dans un état particulier, où nous ne sommes « pas comme dans la vie sociale habituelle » et utiliser dans une perspective d’évolution, ou d’accomplissement de certains objectifs.

Mais les recherches les plus récentes sur le cerveau peuvent nous amener à un autre modèle. Elles sont expliquées dans le passionnant livre Du Nouveau dans l’Hypnose de Jean Becchio.

La conscience n’est que l’écume d’une activité permanente sous-jacente, et l’attention est le projecteur qui nous permet d’appeler dans cet espace conscient une sensation, une pensée, un souvenir.

Dès lors, le travail en hypnose consiste à inviter un certain nombre d’éléments signifiants dans notre conscience, grâce à un travail impliquant l’attention.

Les acteurs se poussent pour intervenir sur la scène du théâtre de la conscience, mais ils ne peuvent y pénétrer qu’un seul à la fois. Ils suivent un schéma plus ou moins régulier et logique, et parfois interrompu par une urgence (la douleur, une obsession, ou tout simplement un ami qui vous interpelle) ou une digression née d’une association d’idées…

Jean Becchio est un médecin généraliste qui a commencé à utiliser l’hypnose ericksonienne dans les années 80 et qui raconte dans son livre l’évolution de sa pratique

– à partir de ses rencontres, notamment de patients dans une unité de soins palliatifs où il a travaillé,

-et aussi des découvertes sur le cerveau.

Il utilise désormais pour son approche le terme de Technique d’Activation de Conscience, et la description qu’il en donne comporte bien des proximités avec l’Hypnose Générative que je propose, et qui a été mise au point par Stephen Gilligan à partir des années 80.

Il ne s’agit pas « d’endormir » les gens, mais d’éveiller, d’activer différentes dimensions de leur conscience en utilisant principalement la parole, mais aussi des gestes, pour que le système nerveux puisse s’adapter, ou susciter des évolutions.

Jean Becchio se réfère pour cela à une modélisation de « l’espace neuronal central de travail » telle qu’elle a été proposée par Jean-Pierre Changeux, Stanislas Dehaene et Michel Kersberg. Celle-ci représente une sphère de la conscience, qui est alimentée par

-1) la sensorialité

-2) la mémoire

-3) un système d’évaluation dit aussi « boussole du désir »

-4) un secteur d’alarme

Et produit quelque chose dans

-5) le secteur de la motricité, qui élimine les produits apportés par les autres secteurs

Et le thérapeute va amener le sujet à jouer sur ces différentes dimensions, y compris en utilisant des approches corporelles. Il s’agit bien d’activer la conscience de la personne, pour l’aider à évoluer vers ses objectifs, en utilisant l’attention, l’engagement, l’acceptation et la motivation.

De fait pendant des séances d’hypnose, on a constaté grâce à des IRM que certaines zones du cerveau sont particulièrement activées :

-le cervelet, indispensable aux fonctions cognitives comme l’attention, la rêverie, la pensée, la prise de décision
-le cortex cingulaire antérieur, centre du désir et de la volonté d’agir
-le précuneus, centre de l’agentivité, qui nous donne la sensation d’être auteurs de nos actes.

Importance de la proprioception

Jean  Becchio explique qu’il n’invite plus, désormais, ses patients à simplement visualiser des souvenirs agréables, mais qu’il les incite à revivre des souvenirs dans lesquels ils apprennent et ils réussissent quelque chose de particulier impliquant leur corps, et à surtout retrouver toutes les sensations corporelles associées.

Il explique que ça génère une transe qui est moins profonde et plus active, et favorise mieux le changement. Allant jusqu’à constater que

Cette mobilité du corps est le principal facteur d’action bienfaisante pour la santé.

Et je suis contente au passage d’avoir trouvé dans ce livre des réponses aux questions que je me posais sur la différence entre l’imagination en hypnose et l’imagination lors d’une séance Feldenkrais dans mon article de blog sur Imagination vs Imagination .

J’interrogeais la différence entre la visualisation de paysages dans lesquels on se sent bien, et le fait de s’imaginer en mouvement, de faire le choix d’un mouvement efficace et agréable, et de sentir l’effet que ça fait à notre corps.

Et justement, il s’agit bien là de stimuler la proprioception, c’est-à-dire la capacité de notre système nerveux à ressentir notre posture physique et nos mouvements, et à les adapter à nos intentions. Et Jean Becchio donne de multiples exemples où le fait de faire ressurgir le souvenir en proprioception d’apprentissages physiques ou d’actions impliquant le corps donne des résultats avérés dans ses séances, que ce soit pour soulager des douleurs, traiter des états d’angoisse ou de dépression par exemple.

L’apport spécifique de la Méthode Feldenkrais

Jean Becchio parle beaucoup de susciter des souvenirs dans lesquels le corps est impliqué.
L’apport supplémentaire de la Méthode Feldenkrais, c’est que nous entraînons notre capacité à nous imaginer en mouvement dans toutes sortes de positions, dans toutes sortes de circonstances, et à ajuster nos mouvements. Nous apprenons à ressentir le soutien, à imaginer le mouvement autrement, à stimuler d’autres faisceaux de neurones…

Et cela nous aide à trouver des solutions créatives pour notre esprit sans forcément devoir faire appel à des souvenirs.

On peut par exemple s’entraîner en imagination, comme le font les champions sportifs, les danseurs, les musiciens… et s’améliorer. On fait les mêmes erreurs quand on exécute un morceau de musique en imagination que quand on le joue en vrai. Alors on peut s’imaginer inhiber le mouvement juste avant l’erreur – en mode « activation de conscience » et laisser son cerveau explorer d’autres manières de jouer qui vont être plus favorables… et découvrir que c’est plus facile après.

Il y a donc en plus, avec la Méthode Feldenkrais, la possibilité de se sentir progresser, et de profiter de toute la bonne énergie et de la vitalité que cela suscite. Cet entraînement à s’imaginer en mouvement va permettre de venir plus facilement dans des états de transe favorables à un changement.

L’intérêt d’une posture dynamique

Et une psychologue américaine, Amy Cuddy, a montré lors d’une expérience menée avec des étudiants, que maintenir une posture plus ou moins dynamique et fière pendant à peine deux minutes pouvait avoir un impact sur certaines prises de décision. Et ceci est validé par des changements hormonaux qu’on constate dans la salive et qui vont avoir un effet sur le cerveau.
Elle a proposé à un groupe d’étudiants de « maintenir une posture fière » pendant 2 minutes, et cela a provoqué une augmentation de près de 20% de leur testostérone, dite aussi hormone du bonheur, et une diminution de 25% de leur cortisol, l’hormone du stress.

Alors que d’autres étudiants qui avaient pris une posture « traduisant l’inquiétude » pendant 2 minutes aussi, ont vu leur testostérone baisser de 10% et leur cortisol augmenter de 15%.

Une autre chercheuse, Agnieszka Golec de Zavala, a mis en évidence des résultats du même type avec des postures de yoga.

Donc oui, notre corps influe sur notre mental.

Et vous ?

Vous tentez l’expérience ?

Voulez-vous essayer de tenir pendant 2 minutes, une posture tonique, dynamique, reflétant la fierté ?

Mais vous pouvez aussi vous imaginer danser, ou faire du ski, ou toute autre activité physique que vous aimez…
ou vous pouvez au moins SOURIRE pendant 2 minutes, d’un sourire plein, entier, sans réserve, impliquant non seulement vos commissures de lèvres, mais aussi votre palais, vos yeux, votre front

Et observer ce que vous ressentez ensuite ?

 

Et si vous êtes prêts à expérimenter un peu plus profondément ce lien entre proprioception, sensations et émotions, vous pouvez aussi venir à la prochaine soirée Feldenkrais et Centrage Génératif, où nous alternons des séquences de Méthode Feldenkrais et des temps de centrage inspirés de l’Hypnose Générative. Lors de la soirée du 14 avril 2022, je vous proposerai tout particulièrement des pratiques jouant sur cette correspondance entre corps et esprit.

 

 

Blandine Stintzy
3 avril 22

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