Méthode Feldenkrais et Créativité

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Paris

 

De la Méthode Feldenkrais à l’Hypnose Générative : mettre de la liberté dans le corps et la pensée.

De la Méthode Feldenkrais à l’Hypnose Générative : mettre de la liberté dans le corps et la pensée.

Comment aider les gens à réaliser au mieux leurs intentions ?

C’est la question qui me motive dans mon travail de praticienne de la Méthode Feldenkrais, depuis près de quinze ans que j’ai eu ma certification et donne des leçons individuelles et collectives.

Comment quelqu’un peut à nouveau porter une lourde valise alors qu’il a été blessé au dos ?

Comment quelqu’un va arriver à marcher alors qu’il a une limitation suite à une maladie neurologique ?

Comment un musicien peut surmonter des douleurs articulaires liées à sa pratique, et retrouver le bonheur de jouer avec de « bonnes sensations », et continuer à progresser ?

Comment un comédien va-t-il ajuster son corps à la posture de son personnage ?

Comment un sportif va-t-il faire en sorte que toute son énergie soit orientée vers son objectif de performance ?

Il y a bien sûr une logique anatomique dans ce travail, à faire fonctionner les articulations au plus près de l’architecture du squelette et des muscles. C’est pour cela que lors de notre formation de praticiens Feldenkrais, nous plongeons dans des livres d’anatomie, interrogeant les spécificités des différentes articulations, découvrant les chaines musculaires, les liens entre les muscles antagonistes, ainsi que des notions sur le fonctionnement du cerveau et du système nerveux.

Les élèves, que ce soit en leçon individuelle ou collective, ont donc l’occasion de découvrir comment mieux utiliser leur corps : telle vertèbre a une forme qui permet la torsion, tandis que telle autre est conçue pour soutenir du poids…

On parle de mouvement en conscience. On « sent » ce que fait telle ou telle vertèbre dans certains mouvements… Mais il ne s’agit pas d’appliquer une règle une fois pour toute du « bon mouvement » dont on aurait conscience. Il ne s’agit pas de « corriger » et de trouver un mouvement qui serait juste définitivement.

La spécificité de l’approche de Feldenkrais, et ce qui fait que ça marche, c’est que l’élève plonge dans un processus qui l’amène à enrichir son écoute de soi, à réveiller son sens kinesthésique, et sa capacité à s’adapter à chaque circonstance et à chaque instant pour trouver le mouvement le plus juste.  Il s’agit de se connecter à une intelligence sensorielle profonde qui est justement au-delà de notre intelligence cognitive.

Le juste mouvement « en conscience » suppose que nous sommes connectés à notre … inconscient !

Car c’est lui qui est le mieux à même de traiter dans le temps le plus rapide toutes les informations qui proviennent de notre corps, comme la tension dans les différents muscles, la mobilité des articulations, et de l’extérieur, comme le poids de l’objet que nous allons soulever, la hauteur de l’étagère, mais aussi la nuance que nous voulons porter dans un morceau de musique, pour ajuster le mouvement à nos intentions.

Le travail par la Méthode Feldenkrais, c’est une visite du fonctionnement du mouvement, qui va apprendre aux élèves des notions sur le mouvement, mais surtout, surtout, surtout… les amener à développer un comportement plus harmonieux avec eux-mêmes, une bonne habitude de « sentir » le mouvement avant de le réaliser. On sait désormais grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale que le cerveau peut faire des simulations d’actions avant de choisir la plus appropriée.

Les personnes qui pratiquent la Méthode Feldenkrais ont donc l’occasion d’expérimenter dans leur corps la possibilité de choisir le mouvement, de négocier avec les contraintes, d’inventer des solutions. Je suis toujours émerveillée par la puissance de ce travail, et la manière dont grand nombre de mes élèves peuvent y plonger, s’en emparer, s’en régaler, s’y amuser. Cela change le rapport au mouvement et à la douleur, mais pas seulement. Beaucoup d’élèves trouvent aussi que cette souplesse, qu’ils développent dans leur corps, se transpose dans d’autres parties de leur vie. Ces élèves expliquent qu’ils peuvent mieux composer avec les contraintes, inventer plus de solutions. Cette souplesse corporelle qu’ils ont découverte devient aussi une souplesse dans leur attitude dans la vie, et leur donne plus de liberté, aussi bien dans leurs mouvements que dans leur vie professionnelle ou affective.

Et il faut reconnaître que pour d’autres élèves, c’est beaucoup plus compliqué. Comme s’ils restaient attachés à leurs douleurs. Certains psychologues pourraient parler de « bénéfices secondaires », mais je préfère parler d’ «  image de soi », ces sensations qu’on a de soi. On se comporte selon un programme que notre corps connaît, et qui nous permet de nous reconnaître, parce que les mêmes comportements génèrent les mêmes informations, les mêmes tensions, les mêmes réflexes, de gestes ou de pensée.

Les leçons de Méthode Feldenkrais sont l’occasion d’expérimenter de nouvelles sensations de nous-mêmes, souvent en générant du bien-être, de la facilité. Elles nous ouvrent à une nouvelle manière de fonctionner, ce qui suppose d’être prêt à apprivoiser une forme d’inconnu. Et pour certaines personnes c’est déroutant : elles ne se reconnaissent plus !…  Et il faut alors un accompagnement pour qu’elles puissent s’autoriser à apprivoiser ce bien-être, à fonctionner autrement, à vivre avec une autre sensation d’elles-mêmes. L’effort n’est plus au même endroit, l’énergie n’a plus besoin de se mobiliser de la même manière pour agir, et donc il faut découvrir d’autres réponses aux situations qui peuvent se présenter dans notre vie.

Pourquoi certaines personnes en profitent moins facilement que d’autres ?
Parfois parce que ce qu’elles découvrent vient contredire des principes éducatifs qui sont fondamentaux pour elles, comme « il faut souffrir pour mériter ! »…  ou bien « dépêche-toi ! » ou « arrête de t’écouter » !  Sans même s’en rendre compte, « inconsciemment », elles continuent de rester fixées sur ces principes qui conditionnent leur manière de fonctionner. Et puis on voit parfois certains élèves submergés par une émotion et un souvenir quand ils se mettent à bouger une partie de leur corps qui était restée absente de leur conscience depuis longtemps. Une partie de leur corps est « fixée » par un souvenir traumatique enfoui, et il était alors essentiel pour eux de ne pas la bouger sous peine de se retrouver face à ce souvenir.

En tant que scénariste et auteur, je suis bien sûr très sensible à la façon dont l’histoire des personnes s’inscrit dans leurs corps et conditionne leurs mouvements. Parfois le travail par le mouvement suffit pour trouver plus de liberté. Parfois c’est plus compliqué, et il faudrait aussi pouvoir travailler sur le « programme » de fonctionnement psychique des personnes. C’est là que le travail par l’Hypnose Générative peut s’avérer très précieux.

J’ai découvert cette approche un peu par hasard, mais au fond, peut-être convient-il mieux de parler de « synchronicité » tant cette approche s’inscrit logiquement dans ce qui me tient à cœur en tant qu’auteur, praticienne Feldenkrais, et pratiquante de la méditation.

C’était une amie qui m’avait invitée à suivre avec elle un weekend d’auto-hypnose. Lors duquel on nous a invités à parler à notre inconscient comme si c’était un petit enfant, avec l’idée de le « reprogrammer » de manière plus favorable. C’était amusant, mais très contraire à ma pratique quotidienne d’auteur : tous les jours, je tache d’ouvrir la porte de mon inconscient en lui demandant ce qu’il a à me raconter !… Comment pourrais-je le traiter comme un enfant alors que je suis persuadée qu’il détient des vérités qui échappent à mon niveau conscient ?!… J’aurais pu rester sur cette première expérience et en conclure que je faisais partie des personnes impossibles à hypnotiser. Mais mon côté bon élève m’a conduit à explorer avant de renoncer. Et j’ai alors découvert le livre de Stephen Gilligan « l’Hypnose Générative, une expérience du flow créatif ».

 

Ce livre a été pour moi une vraie rencontre, avant la rencontre avec Stephen Gilligan lui-même auprès de qui je me suis ensuite formée.

Dans cette approche de l’Hypnose Générative, développée par Gilligan, qui avait été un disciple de Milton Erickson, je retrouvais des ingrédients de la Méthode Feldenkrais, ainsi qu’une véritable cohérence avec ce que j’avais pu vivre au travers de la méditation que je pratiquais déjà depuis plusieurs années, et surtout mon expérience d’auteur.

Souvent, quand on pense à l’hypnose, on suppose que la personne abandonne son contrôle et n’est pas consciente de ce qui se passe. En Hypnose Générative, il s’agit au contraire de tisser un dialogue dans lequel le conscient et l’inconscient s’unissent de manière créative, pour générer des transformations. Avec cette idée que la plongée dans l’inconscient, ou l’état de transe, est ce qu’il y a de plus efficace quand on veut changer des conditionnements, ou des comportements appris qui ne sont plus adaptés.

J’ai ensuite eu la chance de suivre la formation dispensée à Paris par Stephen Gilligan et suis désormais certifiée en Hypnose Générative. Avec cette approche, je peux prolonger le travail Feldenkrais avec des personnes pour qui celui-ci ne suffit pas pour se débarrasser de douleurs chroniques par exemple.

 

Il y a bien d’autres indications bien sûr !…
L’Hypnose Générative permet notamment d’accompagner les gens dans des situations de changement, que ce soit un changement survenu dans le contexte extérieur, ou un changement que nous désirons mettre en place pour nous même.

Lors d’un prochain article j’entrerai plus en détail dans les modalités d’une séance, tout en montrant quelques ponts là encore entre l’approche Feldenkrais et l’approche ericksonienne.

Mais disons d’ores et déjà qu’une séance d’Hypnose Générative permet de découvrir une partie jusque-là inconsciente de son mode de fonctionnement, et de pouvoir agir dessus, l’enrichir, la compléter. Il ne s’agit pas d’interdire, il ne s’agit pas de juger, il s’agit d’accueillir, de comprendre, d’explorer d’autres possibilités d’action et de pensée. En bref, d’apprendre à mieux se connaitre… en faisant dialoguer conscient et inconscient, pour ensuite aller vers plus de liberté.

En cela oui, ma certification en Hypnose Générative apparaît bien comme une suite logique de ma certification à la Méthode Feldenkrais, ainsi qu’à ma passion pour les histoires et les gens qui les portent.

 

Blandine Stintzy, octobre 18

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