Méthode Feldenkrais et Créativité

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Paris

 

Douleur et activité physique : le paradoxe !

Douleur et activité physique : le paradoxe !

Souvent le premier réflexe quand on est confronté à des douleurs, c’est de se recroqueviller et ne plus bouger… en attendant que ça passe ! Or de nombreuses études scientifiques s’accordent à démontrer l’intérêt d’une activité physique pour lutter contre la douleur ! Encore faut-il reprendre goût à bouger, et c’est là où la Méthode Feldenkrais peut nous aider !

La tolérance à la douleur augmente avec l’activité physique

Un récent article du Monde, daté du 30 mai 23, rend compte d’une étude qui montre un lien significatif entre l’activité physique et la résistance à la douleur. Une équipe de recherche norvégienne a testé la résistance à la douleur des sujets en analysant combien de temps ils pouvaient garder le poignet plongé dans une eau à 3 degrés… Et les résultats montrent clairement que la résistance est corrélée positivement à l’intensité de la pratique physique, et aussi que cette résistance augmente si les participants augmentent leur pratique physique sur la période de l’étude. Vous pouvez trouver les détails de l’étude publiée dans Plos One ici.

Mais je me suis amusée à lire les commentaires de l’article et la controverse autour de cette étude ! Certains contributeurs argumentent que c’est tellement plus facile pour ceux qui sont moins sensibles à la douleur de faire plein de sport ?!… Cette étude pourrait-elle simplement souligner que justement, c’est quand on a un bon seuil de tolérance à la douleur qu’on peut plus facilement pratiquer une activité physique ?!… ce serait tellement injuste alors d’accuser ceux qui ne font pas assez de sport !!!

Effectivement, les résultats de l’article tels qu’ils sont présentés dans le Monde invitent à se poser la question… Mais d’autres études médicales citées par le même article vont dans le même sens en pointant les effets anti-inflammatoires notamment de la pratique d’une activité physique.

Alors faut-il pour autant apprendre à ne pas s’écouter, à forcer quand on a mal, en espérant que cela nous fera du bien ??!!…Ce qui semblerait contradictoire avec un des principes de la Méthode Feldenkrais, qui nous invite à écouter les signaux de notre corps…

Le message de la douleur est bien… STOP !

Il y a une consigne que nous donnons toujours lors des leçons Feldenkrais : arrêtez votre mouvement AVANT de ressentir la douleur. La douleur étant un message envoyé par le corps pour nous inviter à arrêter de faire ce qui peut provoquer notre douleur…

Et il y a des moments où c’est bien utile ! Notamment en cas de douleur aigüe, qui peut être liée à une blessure, par exemple une fracture, ou une déchirure. Et là, autant s’arrêter le plus vite possible, immobiliser avant que la blessure ne s’aggrave.

Et tant pis pour l’image tellement héroïque de sportifs de haut niveau ou de danseurs qui continuent malgré une douleur ou une blessure ! Quitte à en payer les conséquences et à découvrir ensuite que ça a compromis la longévité de leur carrière.

Peut-on vraiment faire du sport de haut niveau sans se confronter à la douleur ? Ce n’est pas forcément possible, et c’est là un autre débat. Mais je pense qu’il pourrait être utile d’arrêter de valoriser la douleur, de parler du courage et du mérite de ceux qui ne s’écoutent pas…

Il est utile d’apprendre à écouter les signaux de notre corps…tout en étant conscient que le mouvement est ce qui va pouvoir nous aider. C’est alors le début de tout un processus de recherche tellement passionnant !… et surtout qui en vaut la peine.

Trois effets positifs du mouvement

En effet des études scientifiques citées dans ce même article du Monde ont mis en évidence notamment trois effets positifs d’une pratique sportive sur la douleur.

L’activité physique réduirait au sein de la moelle épinière l’efficacité des récepteurs NMDA, qui contribuent à amplifier la douleur.

On parle donc ici d’un premier effet purement antalgique.

Mais il y a aussi un deuxième effet qui va contribuer à atténuer les douleurs. On a observé que le fait de bouger agit sur l’immunité…

« L’exercice musculaire va augmenter la proportion d’une famille de cellules, les macrophages dits M2, impliqués dans notre réparation et cicatrisation cellulaire, qui possèdent un effet anti-inflammatoire, donc antalgique », précise le neurochirurgien Marc Lévêque dans son livre Libérons-nous de la douleur (Buchet-Chastel, 2022). Il favoriserait aussi la diminution des cytokines pro-inflammatoires.

Ce même médecin souligne dans son livre un troisième effet de l’activité physique. Celle-ci favorise la production d’endorphines qui vont contribuer à améliorer la résistance à la fatigue, et avoir un effet positif sur les troubles anxieux ou dépressifs qui vont souvent de pair avec la douleur chronique.

Donc tout ceci devrait nous encourager à bouger. Et désormais la plupart des médecins s’accordent à recommander par exemple au moins 20 minutes de marche par jour à leurs patients souffrant de lombalgies… Des études ont aussi montré que le mouvement peut être très efficace pour atténuer les douleurs liées à l’endométriose.

 

Plus facile à dire qu’à faire

Mais ces mêmes médecins reconnaissent que c’est parfois très difficile de se remettre en mouvement. Surtout quand la douleur est installée depuis un certain temps au point qu’elle est devenue douleur chronique : j’avais déjà expliqué dans un article de mon blog consacré au sujet. Dans ce cas, le moindre mouvement réactive le circuit de douleur de manière disproportionnée…

Il y a alors tout un apprentissage à mener pour défaire ce conditionnement « Mouvement=Douleur » qu’on retrouve notamment dans des cas de fibromyalgie ou d’autres maladies inflammatoires. La Méthode Feldenkrais est alors tout à fait indiquée.

La Méthode Feldenkrais pour retrouver le plaisir de bouger.

Loin de moi l’idée que cette pratique va remplacer le sport. La Méthode Feldenkrais sera plutôt une première étape vers celui-ci…
Elle va nous faire retrouver le plaisir de bouger, permettre d’apprendre à éviter les douleurs liées éventuellement à une blessure… Et pouvoir renouer ensuite avec une activité physique plus intensive et appropriée à chacun…Grâce à l’entraînement de notre proprioception : nous apprenons à nous écouter pour bouger en respectant nos limites.

Quitte à commencer par bouger en imagination…

Ainsi j’aime beaucoup cette histoire de Myriam Pfeiffer, qui a été une des pionnières de la Méthode en France, et qui s’était cassé le col du fémur alors qu’elle avait près de 80 ans… Elle avait refusé l’opération et avait consacré son séjour à l’hôpital à s’imaginer en train de marcher et faire tous les mouvements que sa fracture lui interdisait. Résultat : au grand étonnement des médecins, la fracture s’était réduite d’elle-même et Myriam Pfeiffer avait pu reprendre son travail d’enseignante au bout de quelques mois.
Elle prenait un malicieux plaisir à raconter à ses élèves qu’elle se sentait quand même un peu moins souple, et qu’elle avait plus de mal après cette fracture, à s’asseoir en tailleur !!!…

Cette pratique du mouvement en imagination est familière pour ceux qui ont l’expérience de la Méthode Feldenkrais, mais si ce n’est pas le cas, on peut aussi commencer par utiliser l’Hypnose pour dénouer cette association mouvement-douleur et retrouver le chemin d’un mouvement agréable.

On commence par de petits mouvements, qui peuvent être simplement de respirer, ou des mouvements des doigts, ou d’une autre partie du corps qui ne nous fait pas mal. L’idée étant de stimuler une forme de curiosité du corps pour le mouvement et de lui “ouvrir l’appétit”… Et peu à peu la Méthode Feldenkrais va permettre d’élargir et enrichir la gamme des mouvements possibles, puis agréables pour le corps… ce qui favorisera le retour vers une activité physique soutenue, qui contribuera aussi à lutter contre la douleur.

Un vrai cercle vertueux !…

Alors si vous vous sentez limités dans vos mouvements par une crainte de douleur…
Si votre médecin vous prescrit de marcher plusieurs kilomètres par jour mais que vous n’y arrivez pas, ou que simplement vous appréhendez…

Cela pourrait être le moment pour vous d’essayer par la Méthode Feldenkrais ?
En séances individuelles ou en séances collectives

Il ne s’agit pas de ne pas écouter la douleur, il s’agit de l’accueillir, l’apprivoiser et découvrir ce qu’il peut y avoir à côté de cette douleur, et que la douleur nous avait fait oublier…Et je ne me lasse pas de citer cette phrase de Moshe Feldenkrais :

L’impossible devient possible, le possible facile, le facile devient agréable puis harmonieux…

Alors, vous venez ?!…

 

Blandine Stintzy
juin 23

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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