Un cadeau d’humanité lors d’un atelier Feldenkrais et Méditation
Ce qui peut nous aider en cas de stress, c’est de nous relier à des ressources profondes, d’une manière qui permet de ressentir l’énergie que cela va diffuser dans notre corps. Une énergie très concrète qui va nous soutenir pour nous mettre en mouvement vers ce que nous souhaitons. C’est ce que nous apprenons et nous entraînons à faire lors des Ateliers Feldenkrais et Méditation-Centrage.
Et parfois il se passe autre chose…
Le stress peut tous nous guetter …
Je ne sais pas si cela vous arrive à vous aussi, mais en ce moment, j’ai de grosses montées de stress. Cela peut se manifester sous différentes formes :
- cœur serré
- tensions musculaires à différents endroits du corps
- respiration trop courte
- pensées envahissantes à toute allure
Il faut reconnaître que le contexte est propice à une certaine anxiété en ces temps de campagne accélérée pour les législatives. Et pour peu qu’il y ait d’autres éléments personnels qui s’ajoutent, cela peut être une période très mouvementée…
Nous sommes dans un contexte sociétal qui, depuis plusieurs années, notamment avec le développement des réseaux sociaux, favorise l’isolement, le repli, la méfiance, et nous soumet à une accélération au-delà du supportable : c’est ce qu’explique si bien Hartmut Rosa dont je parlais dans un autre article de ce blog. Et j’observe beaucoup de gens submergés par le stress autour de moi en ce moment…
Je sais reconnaître ce stress chez moi et j’ai acquis des outils pour le gérer et aider les personnes à traverser ce genre d’états.
Je sais donc tout à fait ce que je pourrais faire !
Mais justement, je n’ai pas le temps en ce moment !
J’ai mille choses en retard, toutes plus urgentes les unes que les autres, et je suis bien obligée de les faire toutes en même temps !
Et je m’efforce de jongler habilement, de donner le change, de faire encore plus vite !
Et on dirait que ça marche !..
Sauf qu’à un moment je réalise à quel point ce rythme de forcenée fait partie du symptôme !
Parce qu’enfin je reconnais que…
- j’ai entamé plusieurs taches en même temps, au risque de n’en boucler aucune correctement !
- j’ai oublié un truc que j’ai mis à cuire pendant que je rédigeais mes mails, et je suis en route pour un rendez-vous !
- je n’ai pas réussi à m’accorder du temps pour un truc que j’avais prévu qui me faisait plaisir…
- vertige de la « to-do-list » où je ne sais plus par où commencer ?!
Et là, oui vraiment, il serait temps de faire une pause !
Feldenkrais et Méditation
Méditer n’est pas toujours facile !
Je connais bien le syndrome de ces personnes qui peuvent facilement se retrouver « prisonnières de leur mental » : si elles s’arrêtent d’agir, les pensées se bousculent à toute vitesse, et c’est pire que tout ! Et en plus elles culpabilisent de ne pas arriver à méditer, ce qui ajoute un stress supplémentaire et éloigne l’apaisement d’autant !…
La Méthode Feldenkrais peut être une bonne solution !
Elle va inviter les personnes à se poser des questions très rationnelles sur leurs sensations corporelles pendant le mouvement. Et c’est beaucoup plus concret et engageant qu’un scan classique de Pleine Conscience : cela occupe le cerveau cognitif.
Les personnes sont absorbées par des mouvements qu’elles explorent, des sensations nouvelles, surprenantes. Et elles apprennent à se vivre en mouvement dès l’intention de ce mouvement… grâce aux neurones miroirs notamment, et à la capacité d’inhibition du cerveau.
Et tout à coup, elles constatent que leur mental s’est apaisé. Qu’elles sont connectées à une partie plus profonde d’elles-mêmes. Cela permet alors d’interroger notre rapport au monde, de se relier à nos intentions…
C’est ce que nous faisons lors des ateliers Feldenkrais-Méditation, en invitant des intentions positives à se déployer et à résonner dans le corps…
Et mon luxe, c’est que quand j’ai l’occasion de conduire un de ces ateliers, j’ai une « très bonne raison » de ralentir et de me centrer. Et qu’en plus je peux avoir l’occasion de rencontrer une très belle part d’humanité des personnes présentes… C’est ce qui s’est passé lors de mon dernier atelier du mois de juin…
Ouvrir un cercle de partage dans un atelier Feldenkrais-Méditation
Lors de cet atelier, j’ai d’abord proposé aux participant-e-s de se poser en cercle, en assise, et de se centrer.
L’occasion de commencer à ralentir, d’orienter l’attention vers l’intérieur de soi, pour observer avec quoi l’on est arrivé … Comme on peut ranger un salon en attendant des invités.
Et on peut découvrir plein de choses différentes qui sont là :
-des urgences,
– des contrariétés,
– des douleurs physiques ou morales,£- récentes ou anciennes, des préoccupations,
– mais aussi des envies,
-des projets qui nous habitent,
– des émotions,
– ou justement des pensées qui ne s’arrêtent pas.
Et ce qui est intéressant c’est que ce temps permet parfois de faire surgir des sujets inattendus qui nous surprennent, dont on va reconnaître que cela a du sens…
Le voyage peut commencer car nous ouvrons un espace où on peut tout accueillir sans se laisser submerger, grâce notamment au soutien du groupe.
Et il y a un temps de partage pour renforcer le cercle, dans un accueil ouvert et bienveillant d’écoute. Chacun-e est invité-e à exprimer ce qui est remonté, dans la mesure du possible tout en respectant son intégrité, et avec bien sûr un engagement à la confidentialité…
Et c’est ainsi que nous avons commencé l’autre soir.
Et au moment de ce premier partage, une participante, octogénaire s’est lancée en demandant la parole en premier !
Elle nous a parlé de ses soucis d’audition, qui faisaient qu’elle n’avait pas entendu précisément les différents mots de mon guidage verbal vers le centrage. Ce n’était pas toujours assez fort pour ses oreilles qui lui jouent des tours !
Pas de souci : cela fait partie de mon protocole de guidage : vous pouvez entendre mes mots, ou bien observer ce que vous entendez d’autre, quelles voix, quels mots…
Mais je sais aussi que cette dame est délicieusement malicieuse !
Elle avait d’ailleurs une petite lueur dans les yeux, et un sourire quand elle nous a parlé…
En fait, elle avait sauté une étape !
Elle connait bien le protocole pour avoir participé régulièrement à des ateliers de ce type. Et elle s’était offert de se relier d’emblée à ses ressources.
C’est ainsi que je désigne des images qui nous donnent de la force, de la joie, de la confiance.
Celle que je me permets d’appeler désormais Madame Malicieuse, nous a parlé du jardin d’une maison de campagne qu’elle a possédé pendant longtemps et où elle ne va plus. Elle avait pu se remplir d’un endroit de ce jardin, où elle aimait s’installer auprès d’un arbre, et où elle pouvait se sentir tellement bien. Elle avait pu en ressentir pleinement l’énergie, et s’en nourrir.
Elle nous a précisé qu’elle s’était étonnée d’avoir pu ainsi le faire sans nostalgie ni regrets, juste s’y sentir « pour de vrai » et pleinement. Et la tranquillité qui se dégageait d’elle nous montrait bien à quel point cela résonnait dans tout son corps.
Et nous avons pu ressentir ce premier cadeau qui a fait du bien à chacun dans le cercle.
Cela a pu ouvrir la voie à d’autres mots partagés.
Un profond cadeau d’humanité
L’étape suivante consistait à se relier à une intention qui pouvait résonner en soi.
Quelque chose qu’on souhaite, que ce soit dans l’avenir ou pour maintenant.
Quelque chose qu’on voudrait vivre, ressentir, épanouir.
Cela peut être
- arriver à se sentir en méditation maintenant
- se sentir libre dans ses mouvements demain
- atteindre un objectif professionnel dans un futur proche ou à moyen terme
- retrouver une meilleure énergie
- se réconcilier avec quelqu’un la semaine prochaine
- etc…
Cela peut prendre un peu de temps, il y a là encore tout un accompagnement pour que ce ne soit pas une intention « mentale » quelque chose qu’on SAIT QU’ON DEVRAIT FAIRE, quelque chose à quoi on réfléchit, qui « tourne dans la tête » qui est « raisonnable ».
Parfois il y a plusieurs intentions qui surgissent, on peut les laisser flotter, sentir celle qui reste.
Et j’invite alors les personnes à associer un geste à leur intention et à sentir comment leur corps s’implique dans ce geste.
En général je ne propose pas à ce stade de s’exprimer verbalement, car cette première intention est susceptible de se transformer au cours de l’atelier, de devenir toute autre, ou simplement de se préciser ,notamment pendant tout le travail de mise en mouvement avec Feldenkrais. L’idée est de libérer le mouvement, de le fluidifier, pour que la parole puisse devenir plus spontanée et profonde.
Mais là encore Madame Malicieuse a impulsé un autre tempo quand elle a partagé son geste.
Elle a joint ses deux mains pour former une coupe, à la manière dont on pourrait tenir une tasse lors d’une cérémonie du thé.
Elle tenait cette coupe avec beaucoup de précautions, comme pour éviter que ça déborde.
Et elle portait cette coupe devant elle, comme une offrande.
Vers nous…
Et elle a tenu à nous raconter combien elle aimait les coupes, les bols à thé, en porcelaine, et même des fleurs du cognassier qui ont aussi cette forme.
Et puis Madame Malicieuse enchaîne pour nous expliquer tout de suite de quoi était faite cette intention, et ce qui s’était passé pour elle.
Et tous ces mots et ces gestes sont devenus un magnifique cadeau d’humanité pour nous tou-te-s autour d’elle.
Madame Malicieuse explique en douceur qu’elle se considère dans une période de sa vie où il n’y a plus trop de choses à entreprendre pour elle-même. Plus proche de la fin que du début … Elle nous dit combien elle s’estime d’abord chanceuse de plein de choses merveilleuses qu’elle a pu vivre.
Madame Malicieuse nous raconte que les premières intentions qui ont surgi étaient d’abord pour ses enfants, ses petits-enfants, des jeunes autour d’elle dans cette période compliquée.
Elle nous raconte comment elle l’a réalisé, et qu’elle a voulu revenir dans l’exercice proposé : une intention « pour elle-même » !
Et cette intention qui s’est imposée à elle, comme une évidence :
Offrir de l’amour et de la lumière.
Mais il s’agit bien d’une intention pour elle, et surtout pas de quelque chose dont elle se priverait pour le transmettre.
Madame Malicieuse nous montre son cœur, ses tripes, où elle ressent tout le bienfait de ce geste.
Elle irradie, et son visage s’éclaire encore.
Son don vers les autres, c’est cela qui la remplit elle-même.
Ce n’est pas quelque chose dont elle se sépare, c’est une source qui s’ouvre.
Et tout est tellement évident !
Nous tou-te-s, autour d’elle, ne pouvons que ressentir combien Madame Malicieuse est juste dans son intention, combien cette intention résonne dans tout son être.
La voir et l’écouter ainsi me donne la chair de poule !
En plus de nous remplir de l’amour et de la lumière qu’elle nous offre !Et toute cette lumière va soutenir la suite de l’atelier, et lui donner une couleur particulière.
Merci Madame Malicieuse
Merci pour cette lumière, cet amour
Merci pour cette leçon d’humanité
Merci de l’incarner ainsi.
Puissent ces moments continuer d’exister et nous soutenir !
C’est bien ce qu’il peut y avoir de plus précieux dans l’humanité partagée.
Blandine Stintzy
27 juin 24
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