Méthode Feldenkrais et Créativité

06 82 59 03 00

Paris

 

PRISE DE CONSCIENCE et CLIMAT

PRISE DE CONSCIENCE et CLIMAT

Cet été de canicule, à l’actualité trop pleine de rebondissements, a été pour beaucoup d’entre nous l’occasion d’une PRISE DE CONSCIENCE.
Mais quels sont les effets de cette prise de conscience sur nos vies : positifs ou négatifs ?

Que faire de cette Prise de Conscience ?
« Prise de Conscience par le Mouvement » : c’est justement ainsi que sont désignés les protocoles des leçons collectives de Méthode Feldenkrais. Quels parallèles pourraient être pertinents, et que pourrions-nous apprendre ?!…

 

Vive les vacances!

J’ai toujours aimé l’idée que les vacances permettent de tout oublier, de prendre un temps de retrait, de recul. On est ailleurs, physiquement dans un lieu paradisiaque, ou une activité dépaysante, et surtout ailleurs dans sa tête. Et on revient ensuite dans les activités de rentrée avec un œil neuf et une énergie nouvelle.

Mais j’ai l’impression que cela n’a pas été le cas cette année, avec un été marqué par une actualité particulièrement inquiétante. Entre les vagues de chaleur caniculaire, les incendies, les nouvelles inquiétantes sur la biodiversité, ou sur la guerre en Ukraine, mais aussi tous les événements survenus qui remettent en question l’idée qu’on peut se faire de la démocratie, de la liberté d’expression, du droit des femmes…

Cet été a surtout été l’occasion d’une Prise de Conscience.

Plus personne ne peut le contester. 100% des scientifiques s’accordent désormais à reconnaître l’influence de l’activité humaine sur l’état de la planète. Et l’élévation des températures a plutôt tendance à s’accélérer, ce qui montre bien que les actions mises en place pour l’instant sont largement insuffisantes.

Alors que faire ?

On peut ne rien faire, en espérant que la science et le transhumanisme résoudront le problème. Certains de mes proches ont adopté cette attitude : cela leur permet de mener la vie qu’ils souhaitent, sur le modèle de celle des babyboomers qui « ont tout eu, alors il n’y a pas de raison que pas nous … »  On se concentre sur le bonheur immédiat, et pour tenir dans cette attitude, le mieux est souvent d’arrêter de s’informer…

On peut aussi réagir à cette prise de conscience en commençant par modifier notre comportement, par des petits gestes éco-responsables, trier ses déchets, utiliser moins d’eau, moins d’emballages, éteindre plus souvent la lumière… au risque de se rendre compte que ces gestes ont bien un effet dérisoire par rapport à tout ce qu’il faudrait mettre en place.

Alors la Prise de conscience risque de nous emmener vers la dépression, l’effondrement psychique, un stress que nous ne pouvons plus gérer. On reste pris dans le piège des mauvaises nouvelles qu’on fait défiler d’un doigt sur notre téléphone portable, et le reste du corps ne bouge plus. La pathologie a même été identifiée sous le terme de doomscrolling.

Et dans ce cas, on se dit qu’on aurait peut-être mieux fait d’arrêter de s’informer !…
Car nos actions ne sont pas à la mesure de la Prise de Conscience…

 

La prise de conscience par le mouvement

En Méthode Feldenkrais, les leçons collectives sont appelées « Séances de Prise de Conscience par le Mouvement ». C’est cette formulation qui a été choisei pour traduire le terme américain utilisé par Feldenkrais « AWARENESS THROUGH MOUVEMENT ».

Il s’agit de s’engager dans des mouvements avec une qualité d’attention particulière, qui permet de prendre conscience de la manière dont on bouge, des parties de nous qui se mobilisent, et aussi de celles que nous avions tendance à délaisser.

Dans ces séances, nous apprenons à « écouter », à sentir ce qui se passe à l’intérieur de nous, à utiliser notre sens proprioceptif. Et puis nous sommes invités à essayer différentes manières d’initier puis de conduire le mouvement, et de sentir ce que cela change dans la force ou dans le confort.

Il n’y a pas une bonne manière de faire un mouvement une fois pour toutes, mais l’idée d’une qualité d’attention, d’une forme de vigilance, de présence à soi, d’ouverture sur d’autres manières de faire, qui permet au système autonome, au-delà de notre seule volonté, d’ajuster le mouvement à notre intention et à notre condition physique du moment.

 

La Méthode Feldenkrais incite donc à une forme de PRISE DE CONSCIENCE comme une pratique quotidienne et régulière. On invite à « apprendre à s’écouter » … Et quelque chose se transforme peu à peu, mais d’autant plus que durant toutes les leçons, nous sommes sans cesse dans l’action.

Les personnes que je reçois pour des douleurs chroniques sont souvent celles qui « refusent de s’écouter ». Elles n’ont pas pu porter attention aux signaux faibles que leur envoyait leur corps, de petits inconforts, de difficultés. Ou ces personnes n’ont pas eu les bonnes informations pour faire évoluer leur manière de bouger. Alors elles se sont concentrées sur autre chose, elles sont « passées par-dessus » les soucis, courageusement. Et leur courage n’est pas récompensé : elles se retrouvent à gérer une problématique plus grave et complexe que si elles avaient « pris conscience » plus tôt de leur manière de fonctionner… et effectué des petits changements au fur et à mesure.

Alors oui, la Méthode Feldenkrais peut nous permettre de comprendre que pendant qu’on regarde ailleurs, les problèmes s’aggravent d’autant. Détourner le regard des problèmes n’est pas la bonne solution, comme nous le montrait l’épatant film métaphore du changement climatique Don’t look up !

Mais il faut reconnaître que la chance que nous avons avec la Méthode Feldenkrais, c’est que la Prise de Conscience débouche toujours sur une action, ne serait-ce qu’un mouvement…

De la PRISE DE CONSCIENCE au CHANGEMENT

La chance que nous avons avec la Méthode Feldenkrais, c’est que le seul fait d’accorder à son mouvement une certaine qualité d’attention va l’aider à se transformer, et à s’améliorer. Il n’y a pas besoin de mettre en place un changement volontaire… si ce n’est celui de continuer à prêter attention. Car dès qu’on arrête de prêter attention, les mauvaises habitudes, celles qui se sont inscrites dans notre corps et dans notre système nerveux, peuvent revenir prendre le dessus, même à notre détriment.

Et c’est pourquoi la pratique de la Méthode Feldenkrais peut se justifier sur le long terme, comme une discipline pour revisiter systématiquement nos manières de faire, les remettre en question, les réajuster par rapport à nos sensations, et nous entraîner à porter attention… Et le changement se produit du fait de l’interaction entre la Prise de Conscience et le mouvement.

Tandis que face au changement climatique, la seule prise de conscience ne suffit pas, elle ne peut être qu’une étape sur le chemin de l’action, absolument nécessaire, non seulement pour la planète, mais aussi pour « se sentir bien », ce qui m’intéresse plus particulièrement dans mon domaine d’intervention.

Comment prendre conscience,
sans se laisser décourager,
sans déprimer,
et pouvoir continuer de se sentir bien.

Personnellement, je sens cette question de plus en plus présente en moi, et je vois bien qu’il n’y a pas de réponse une fois pour toutes.

AGIR EN CONSCIENCE

Alors je voudrais sur ce sujet, vous recommander la lecture d’un formidable article du Monde dans lequel la pédopsychiatre Laelia Benoit répond à des questions sur l’écoanxiété, l’impact du réchauffement de la planète sur notre santé mentale, et explique que l’action individuelle puis collective est le meilleur moyen d’aller mieux.

Cette psychiatre, qui est aussi chercheuse à Yale explique que l’écoanxiété est plutôt une réaction saine face au changement climatique, qui touche de nombreuses personnes, y compris aux Etats-Unis même si ce pays a longtemps été climatosceptique. Son choix de médecin est surtout de ne pas gérer cette anxiété par une médication, qui ne ferait que retarder le problème, mais bien par une incitation à l’action.

Elle conseille à ses patients…

de commencer par agir, même à l’échelle locale. En fait, ils ont souvent l’impression que leurs actions n’ont aucun impact. En un certain sens, elles ont effectivement un très faible impact. Mais, mises bout à bout, nos actions individuelles ont un impact sur à peu près 30 % de la production de carbone annuel.

Et le passage à l’action collective peut ensuite être une deuxième étape. Il s’agit alors de militer de manière efficace et sans se disperser, tout en restant à l’écoute de son bien-être, sans abuser de ses propres forces, sans se perdre dans l’action…

Je pense qu’il faut rester modeste. On a envie de bien faire quand on milite, mais les militants de longue durée vous disent tous qu’il faut aussi équilibrer sa vie entre sa propre santé, son bien-être et son engagement. Et donc il faut pouvoir être persévérant et modeste, c’est-à-dire savoir qu’on ne va pas pouvoir tout faire d’un coup. Peut-être même choisir un seul objectif. On en prend le risque en s’éparpillant sur plusieurs fronts, en ayant envie d’aider un peu partout, alors que les journées ne font que vingt-quatre heures et que les changements se font sur le long terme. Ce n’est pas sur une année qu’on verra l’impact, alors il faut pouvoir garder des forces pour continuer.

Et elle souligne aussi l’importance du « collectif » dans cette action, y compris rejoindre le syndic de la copropriété pour favoriser l’isolation thermique de son immeuble, ou une association locale qui agit pour planter des arbres dans sa commune.

Agir collectivement, ça veut juste dire ne pas rester là à éteindre les lumières et à culpabiliser d’avoir mangé de la viande une fois tous les six mois.
(…)
C’est bien l’action collective qui est associée à une réduction de l’anxiété. En agissant ensemble, on se sent mieux.

FELDENKRAIS et LA PRISE DE CONSCIENCE

Personne ne peut prétendre détenir aujourd’hui la bonne solution face au changement climatique : le problème est bien trop complexe. Des politiques vont être mises en œuvre, marcheront en partie, devrait être modifiées, remises en question. Nous traversons une période d’incertitude qui est éprouvante sur le plan psychique.

Il va nous falloir apprendre à trouver l’action la plus juste par rapport à nos prises de conscience.

Je crois profondément que la pratique Feldenkrais est un entraînement à :

-prendre conscience
-amener cette prise de conscience dans l’action
-cultiver une forme d’optimisme
-accepter de ne pas savoir
-explorer sans cesse des manières de faire différentes
-entraîner sa capacité de rebondir
-entraîner sa capacité de remise en question
-et continuer la prise de conscience

La pratique de la Méthode Feldenkrais peut nous soutenir car elle nous de nous engager dans l’action, tout en préservant notre énergie au mieux, pour que cela puisse se poursuivre sur la durée.

Alors oui, agissons en conscience, et en écoute !… 

Et je souhaite plus encore cette année-ci inviter mes élèves à faire le lien entre leurs prises de conscience pendant les cours et ce que ça peut apporter dans leur vie quotidienne, ce que cela peut les encourager à entreprendre…

Et si ce sujet du changement climatique vous intéresse, j’avais déjà écrit un article de blog Méthode Feldenkrais et Réchauffement Climatique au sujet du passionnant livre de Sébastien Bohler, LE BUG HUMAIN, où je montrais comment la pratique Feldenkrais peut nous aider à résister à la tentation du « toujours plus » inscrite dans nos cerveaux avec la dopamine, et largement exploitée par toutes les entreprises pour augmenter leurs bénéfices… au détriment du climat…

 

Blandine Stintzy
Août 22

No Comments

Leave a reply

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.