METHODE FELDENKRAIS ET RESPIRATION

METHODE FELDENKRAIS ET RESPIRATION

La Méthode Feldenkrais nous apprend qu’il n’y a jamais une seule façon de bien respirer. En travaillant sa respiration par la Méthode Feldenkrais, on utilise les connaissances de l’anatomie pour inviter à respirer de toutes sortes de manières différentes, explorer des possibles et les ressentir. Cela permet de rétablir une respiration autonome de qualité, qui peut s’adapter à chaque instant à nos besoins particuliers, et nous soutient dans nos mouvements et dans nos actions.

LA RESPIRATION, ESSENTIELLE POUR LA SANTE

Aujourd’hui plus personne ne remet en cause l’idée que la qualité de notre respiration a une influence déterminante sur notre santé. Il est essentiel d’amener de l’oxygène dans nos muscles, dans nos organes. L’ensemble cœur-poumons nous aide à « pomper » le gaz carbonique et à amener l’oxygène là où notre corps en ressent le besoin. Et leur travail suppose la participation de muscles comme le diaphragme, mais aussi des abdominaux, la mobilité des côtes, mais aussi du bassin, de la colonne vertébrale par exemple.
Alors de nombreuses pratiques traditionnelles donnent des clés très précieuses pour améliorer la respiration. Cela peut être des exercices impliquant le dos dans le yoga, la conjugaison flexion-extension dans le chiqong, la respiration ventrale dans la méditation.

Mais la respiration est un phénomène particulier qui peut nous permettre de réviser quelques-uns des fondamentaux de la Méthode Feldenkrais, et notamment ce premier, qui dirait :

Il n’y a pas une seule manière de respirer.
Ce qui est important, c’est de pouvoir varier sa manière de respirer.

Oui, une respiration ventrale profonde va favoriser le calme et la méditation.
Mais elle ne nous aidera pas si on est en train de se noyer…
Et l’expiration pour chanter un air d’opéra n’est pas la même que quand on est en train de décocher un coup de poing.

LA RESPIRATION : UN MOUVEMENT PARTICULIER

Oui, la respiration peut être considérée comme un mouvement, et elle implique du mouvement dans notre corps, à différents niveaux, à différentes échelles.

• Les poumons se dilatent puis se rétractent. Mais nous savons qu’on ne peut avoir d’action volontaire sur eux.
  Alors on utilise le mouvement des muscles autour de la cage thoracique, dont les muscles inspirateurs entre les côtes, et le mouvement du diaphragme.
• Sans oublier le plancher pelvien…
• Et on peut aussi s’intéresser au mouvement du squelette, des côtes, du sternum, mais aussi de la colonne vertébrale, du bassin, et même de la boîte crânienne, avec ses nuances dans la voûte du palais ou le long de la cloison nasale.
• Et puis avez-vous remarqué le mouvement du pourtour de vos narines quand vous respirez ?
• Et puis on peut envisager le mouvement de l’air : sentir par où il rentre, par quelle narine, par la bouche, par où il passe, au-dessus du palais, à l’arrière de la gorge, dans la trachée artère.
• Et puis on peut envisager le mouvement de la respiration comme une dilatation et rétractation de nos cellules, dont nous ressentons l’écho dans notre corps : sentir cette disponibilité pour nos tissus profonds, de s’ouvrir et de se relâcher.

Mais ce que ce mouvement de la respiration a de particulier, c’est qu’il se produit spontanément, en dehors de notre volonté, quand nous dormons, quand nous pensons à autre chose, quand nous agissons.

Et la respiration peut aussi devenir un indicateur de la qualité de certains mouvements : quand vous êtes concentré en train de réaliser une tâche complexe, est-ce que vous êtes toujours en train de respirer ou bien avez-vous bloqué votre respiration ? ou pareil quand vous soulevez un poids, ou autre sorte d’effort…

On pose souvent en Méthode Feldenkrais, cette question de la respiration quand on est en train de faire un mouvement qui semble a priori très loin du sujet, comme soulever son bassin quand on est allongé avec les jambes pliées, ou même simplement rouler la tête … Et cela devient un des moyens de développer sa conscience du mouvement.

FELDENKRAIS APPLIQUE A LA RESPIRATION

Oui ce mouvement de la respiration nous remet en face d’une manière de faire dans la Méthode Feldenkrais :

-on utilise les connaissances de l’anatomie sur un mouvement (c’est pour cela que je vous propose comme illustration ce livre sur la Respiration de James Nestor qui recense beaucoup de découvertes utiles sur la respiration)

-on peut s’inspirer de ce que les autres pratiques ont à nous apprendre, que ce soit le yoga, ou le chiqong par exemple.

-et on soumet tous ces mouvements à des questionnements,

-en proposant des variations subtiles dans les manières de faire,

-qui vont permettre de développer puis affiner la proprioception

-et restaurer plus de liberté et d’efficacité dans le mouvement

Et l’idée est que le système nerveux autonome peut s’approprier toutes ces découvertes, et que notre respiration devienne naturellement plus ample, plus libre, plus souple et donc s’améliore d’elle-même, grâce à la qualité d’attention.

Car tout ce que nous décidons de « faire » pour avoir une » bonne » respiration, peut devenir ensuite un « conditionnement » et donc une limitation qui empêche la personne d’adapter sa respiration aux circonstances. Voire qui peut créer des douleurs de dos ou autre. Nous avons tous des idées préconçues sur la respiration, ce mouvement si essentiel pour chacun de nous, et la Méthode Feldenkrais nous permet de les remettre en question.

Une des choses délicieuses qu’on va expérimenter avec la Méthode Feldenkrais, c’est que chaque cycle de respiration va être un peu différent du précédent, plus rapide ou plus ample, mobilisant plutôt l’abdomen ou mettant plutôt du mouvement dans le creux de l’épaule, etc.

Et on découvre ainsi pourquoi la respiration peut être un support si puissant pour le développement de l’attention dans la méditation : chaque instant est renouvelé y compris dans l’immobilité.

STRESS ET RESPIRATION

C’est bien connu, un des indicateurs du stress, c’est qu’on respire moins bien, moins profondément. Et cela contribue à augmenter notre stress.

La bonne nouvelle, c’est qu’inversement, améliorer sa respiration va créer une spirale positive pour détendre son stress.
Ainsi la plupart des leçons Feldenkrais orientées sur la respiration vont avoir un effet apaisant : les personnes se sentent plus détendues, plus calmes, ressentent plus d’espace à l’intérieur d’elles-mêmes, et leurs pensées ralentissent et s’apaisent. Il y a une joie intérieure à ressentir tous ces espaces à l’intérieur de nous qui viennent jouer leur partition dans la respiration, et cela augmente le niveau d’énergie.

Mais le travail sur la respiration peut aussi être l’occasion d’une sorte de « nettoyage des mémoires ». Ainsi un jour où j’avais donné une leçon sur la respiration, tous les élèves disaient à haute voix combien ils se sentaient bien, détendus, etc… et j’étais contente.
Mais une dame s’est approchée en catimini, gênée, et m’a avoué à voix basse que pour elle, cette leçon avait réveillé une sensation d’angoisse profonde et de mal-être. Sans qu’elle sache pourquoi…

Nous avons pris un petit temps de parole toutes les deux, et je l’ai interrogée sur ce qui pouvait être une occasion de stress dans ce mouvement de la respiration pour elle. Avait-elle eu de l’asthme, ou d’autres maladies graves impliquant la respiration, un accident avec des complications respiratoires ? Car le mouvement de la respiration a ceci de particulier qu’il est absolument vital, et tout ce qui l’entrave de manière importante est une grande source de stress.  Dans un premier temps, cette dame n’arrivait pas à répondre… jusqu’à ce qu’elle se souvienne qu’on lui avait dit qu’elle était née avec le cordon ombilical autour du cou, et qu’elle avait donc failli en mourir. C’était sans doute cette mémoire traumatique profonde qui s’était invitée lors de la leçon, et qui a pu ensuite s’apaiser : j’ai vu immédiatement le visage de la dame se détendre en un grand sourire quand elle a pu faire le lien.

Et oui, la respiration est un indicateur subtil de notre stress, des mémoires traumatiques qui ont pu s’inscrire dans notre corps, et la travailler permet aussi de dégager et nettoyer ces mémoires. C’est ce que j’ai pu constater souvent dans ma pratique, et qui m’a amenée à compléter ma boîte à outils avec l’Hypnose Générative dans la même logique, ce que j’explique dans cet article de blog « Mettre de la liberté dans le corps et dans la pensée ».

 

QUE SENTEZ VOUS DE VOTRE RESPIRATION ?

Et vous, qui lisez ces lignes, comment respirez- vous ?

Quel est votre rythme de respiration ?
Qu’est-ce qui est plus long, l’inspiration ou l’expiration ?

Sentez-vous du mouvement au niveau du ventre ?
Au niveau du dos ?

Vos côtes s’ouvrent-elles vers l’avant, ou plutôt le côté, ou plutôt l’arrière ?
Observez-vous plus de mouvement à gauche ou à droite ?

Et quel est l’effet de ces questions sur votre sensation de vous-même ? Qu’est-ce que cela vous permet de clarifier ?

 

UNE LEÇON DE RESPIRATION OFFERTE

Cette leçon sur la respiration a été enregistrée dans le cadre de mes leçons hebdomadaires collectives par zoom. Elle peut être une bonne occasion de découvrir en douceur la Méthode Feldenkrais.
Quelques conseils :

-ne forcez jamais, mais soyez à l’écoute

-n’essayez pas à tout prix de répondre aux questions, mais laissez-les infuser en vous jusqu’à ce qu’une réponse émerge, même si elle vous paraît étrange

-acceptez de ne pas vous sentir comme d’habitude le temps de la leçon et peut-être un peu après

-et notez ce qu’il se passe pour vous.

Vous trouverez la leçon en cliquant sur le nom de la leçon : RESPIRER A POUMON DEPLOYE

Bonnes explorations !
Et si ce sujet vous intéresse, n’hésitez pas à prendre contact avec moi !

Merci aussi à Morgane Miel pour son article dans Madame Figaro du 13 janvier où j’ai eu la chance d’être interviewée sur le lien entre Feldenkrais et Respiration!… Vous pouvez en prendre connaissance en cliquant ici.

 

Blandine Stintzy
janvier 23