Prendre soin de ses genoux!
Un certain nombre de personnes viennent me voir en séance individuelle de méthode Feldenkrais parce qu’elles n’arrivent pas à se débarrasser de douleurs au genou. Parfois elles ont déjà été opérées et ont une prothèse, parfois la question se pose…
Je ne peux pas « réparer » leurs genoux, mais je peux les aider à apprendre à mieux les utiliser, pour se préserver des douleurs. Et mon objectif est surtout de les aider à retrouver le plaisir de bouger, de marcher et refaire du sport.
Le genou est une articulation essentielle pour une vie active
Nous en avons besoin pour marcher et courir, mais il est parfois soumis à des contraintes trop importantes. Parmi les douleurs les plus courantes, principalement celles causées par
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- L’arthrose : une dégénérescence du cartilage qui peut provoquer des douleurs intenses et des raideurs, limitant ainsi la mobilité
- Les fissures de ménisque, souvent dues à des mouvements brusques ou à des traumatismes
- Les ligaments abîmés, comme dans la fameuse déchirure de ligament croisée qui peut arriver chez les sportifs.
Le travail avec la Méthode Feldenkrais ne va pas se substituer à la chirurgie, ni même à la rééducation. Je vais aider les personnes à comprendre comment apprivoiser leur genou, et surtout ressentir comment elles pourraient le préserver.
Au-delà de la douleur, découvrir et comprendre comment on bouge avec notre corps
Bien sûr j’écoute ce que me disent les personnes, je pose des questions sur leurs douleurs, à quel niveau elles se manifestent, dans quelles occasions, et ce qu’elles empêchent.
Mais ensuite, il y a une question que je pose souvent :
« Sur quelle jambe êtes vous le plus en appui? »
Et le plus souvent la personne me regarde comme si j’avais perdu la raison, et me dit:
« Ben sur l’autre évidemment puisque j’ai mal à ce genou! «
Et là, on prend le temps d’explorer ensemble un peu plus précisément, et presque toujours, la personne réalise qu’elle prend appui en fait beaucoup plus sur la jambe dont le genou la fait souffrir. Je ne dirais pas 100% des cas, mais peut-être bien 80…
Est-ce pour cela que le genou souffre ? A ce stade-là, nous ne le savons pas, mais sans doute pour cela qu’il continue de souffrir, oui !… Et peut-être que de modifier un peu ses appuis va permettre de souffrir moins…
Et c’est là que tout commence !…
Car oui, la Méthode Feldenkrais commence avec une histoire de genou !…
Moshe Feldenkrais a commencé à mettre au point sa méthode dans les années 1950 parce qu’il voulait récupérer d’une blessure au genou à l’occasion d’un match de foot. Le pronostic des médecins était pessimiste : opération, et limitation des mouvements, et de moins en moins de sport. Et ça, c’était hors de question pour Feldenkrais, grand sportif, et l’un des premiers ceintures noires de judo en France.
Alors il s’est mis à étudier minutieusement le mouvement, pour changer sa manière de bouger et préserver son genou. Il a plongé dans l’anatomie. Sa formation d’ingénieur l’a conduit à considérer le soutien du squelette là où les personnes ne pensaient qu’au travail des muscles, et il a voulu optimiser l’utilisation des articulations.
Et cela supposait de changer sa manière de bouger, et là, il a découvert à quel point notre cerveau conditionnait nos mouvements… à cause de nos habitudes, de nos apprentissages, de notre histoire, et on dirait aujourd’hui de nos biais cognitifs…
Il a découvert aussi l’importance de pouvoir amener une attention d’une qualité particulière à nos mouvements, stimulant notre proprioception, pour restaurer la capacité d’auto-ajustement du système nerveux.
Cela a été le début d’une immense aventure qui a commencé en Angleterre, s’est poursuivie en Israël, puis en Europe et aux Etats-Unis. Et son approche a été validée par les neurosciences à partir des années 2000, vingt ans après la mort de Feldenkrais.Quelques notions sur le bon sens du genou !
Quelques notions sur le « bon sens » du genou
Trop souvent les médecins et notamment les chirurgiens vont appréhender seulement l’articulation pour laquelle les personnes viennent les consulter. Avec la Méthode Feldenkrais, on découvre que souvent, des douleurs de genou sont liées à une mauvaise utilisation des articulations de la cheville ou de la hanche, ou même des deux !
J’aime bien l’expression de certains profs de Feldenkrais qui disent que
« le genou est une articulation innocente »
En effet, le genou est fait pour se plier dans une seule direction principalement. Et normalement, ce sont la cheville et la hanche qui permettent des mouvements dans toutes les directions. On voit que l’articulation de la hanche, c’est la tête du fémur, une sphère, dans une cotyle arrondie…
Alors rappelons quelques principes de bon sens quand on veut préserver ses genoux :
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- Apprendre à déverrouiller les genoux, ce qui n’est pas la même chose que les plier !
- Quand on s’accroupit, bien veiller à ne pas mettre tout le poids sur les genoux
- Ce qui suppose d’avoir « de l’espace » dans l’articulation de la hanche, pour la plier
- Et surtout privilégier un genou qui plie dans une seule direction, en ajustant les appuis du pied, l’orientation du bassin, en favorisant la mobilité de la hanche
Et parfois, une personne que j’accompagne, va relier sa douleur au genou à une vieille entorse de cheville qu’elle avait complètement oubliée… et quand on rétablit une meilleure mobilité de la cheville concernée, les douleurs de genou disparaissent aussitôt.
Ce n’est pas toujours aussi simple, parce que les mauvaises habitudes entraînent des compensations, et qu’il faut plus souvent tout un cheminement. On rencontre parfois des muscles figés par des vieux traumatismes engrammés comme autant de mauvais souvenirs.
Mais c’est un chemin de découverte, qui stimule aussi notre optimisme et notre curiosité…
Les personnes vont « sentir » leur corps autrement.
Car ce qu’on veut réveiller, c’est la capacité d’auto-ajustement du système nerveux pour agir plus efficacement avec moins d’effort…
Alors oui, ça demande de l’attention.
Au passage on découvre certaines douleurs qu’on aurait préféré ignorer…
Car on apprend à repérer les signaux faibles…
Mais à long terme, cela permet de s’occuper des symptômes avant qu’il n’y ait des blessures et c’est quand même mieux.
Et puis on va découvrir que
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- le dos est tellement plus souple quand on déverrouille les genoux, et que ça peut faire du bien aux lombaires !
- que quand on pose le pied autrement, on peut marcher bien plus longtemps sans se fatiguer
- que la respiration devient plus fluide
Et surtout, je guette ce moment chez les personnes que j’accompagne, où elles vont pouvoir orienter leur attention joyeusement, sans réserve, vers d’autres choses que leur douleur !
Cela passe par le corps, d’abord souvent, comme s’émerveiller de la mobilité des côtes par exemple !…
Et puis cela peut devenir la capacité à s’occuper de ce qui leur tient à cœur, d’engager des projets, de vivre des moments joyeux sans avoir à se préoccuper de leur genou…
Ah oui, le genou, je n’y pensais plus…
Enfin on vient s’en occuper un peu parfois, comme de tout le reste du corps en mouvement
Pour en prendre soin régulièrement
Avant que les douleurs ne s’installent
Comme par exemple en s’engageant dans des cours collectifs 😉
Ou le cas échéant lors d’une nouvelle séance individuelle…
Et je me réjouis tellement quand les personnes que j’ai accompagnées sur cette problématique reviennent me raconter les grandes randonnées en montagne qu’elles ont pu savourer pendant leurs vacances!
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