Dès qu’on dit « se tenir droit », j’observe souvent que les personnes font un effort immédiat et réflexe pour se redresser, tenir leurs épaules en rapprochant les omoplates, monter leur sternum, éventuellement allonger le cou. Peut-être est-ce d’ailleurs ce que vous êtes en train de faire en lisant ces lignes ?…
Inversement, il arrive souvent qu’à l’issue d’une leçon individuelle de Méthode Feldenkrais, quand la personne se relève, elle se sent « bien, mais très avachie ». Merci les téléphones portables, je fais alors une petite photo de profil, qui permet à la personne de réaliser qu’elle se tient beaucoup plus droite que ce qu’elle croit, et donc plus droite que ce qu’elle sent.
Parce que la plupart d’entre nous, nous avons une idée erronée sur ce que veut dire « se tenir droit ». Nous pensons que c’est un effort, qu’il faut se muscler le dos ou la sangle abdominale. Et je connais bien le problème : j’ai fait durant une grande partie de mon adolescence de nombreuses séances de rééducation pour une scoliose-cyphose, où l’on voulait m’apprendre à me “tenir droite”! Un conditionnement qui m’a en fait éloigné de mes sensations et abimé durablement le dos. Le résultat a été que j’ai souffert de maux de nuque jusqu’à ce que je découvre la Méthode Feldenkrais.
La Méthode Feldenkrais m’a ouvert une autre manière d’envisager le fameux « se tenir droit ». Cela m’a tellement soulagée qu’on me dise que quand le squelette est bien organisé, que le sens kinesthésique fonctionne, alors la structure tient droite « toute seule », il n’y a rien à faire… pour peu qu’on reste connecté à ses sensations. C’est le corps et notre intelligence somatique qui trouvent le moyen de se redresser. On parle de « tenségrité » qui est un terme qui provient de l’architecture : la structure est conçue pour se redresser sans effort particulier.
Se tenir droit, c’est en fait la loi du moindre effort, c’est quand le poids s’appuie sur le squelette dans sa verticalité, que les muscles travaillent le moins.
Et puis se tenir droit n’est surtout pas une posture immobile. Un dos rigide et figé ne peut survivre à tous les événements que nous rencontrons dans notre vie quotidienne. Au contraire, la Méthode Feldenkrais nous permet d’expérimenter que « se tenir droit » confortablement est le résultat d’ajustements incessants de notre système nerveux pour revenir dans la verticalité. La colonne reste souple, les vertèbres reliées les unes aux autres, chaque mouvement se répartit sur l’ensemble du système. L’équilibre est envisagé comme une posture dynamique, intégrant des modifications des conditions extérieures.
Lors de cette soirée nous explorerons en position allongée la sensation du passage de la force de soutien à travers le squelette. D’autres explorations permettront de découvrir comment se tenir droit, c’est pouvoir s’incliner à peine dans toutes les directions, et laisser le corps s’ajuster grâce à une intelligence somatique faite de présence à soi-même.
Ces soirées thématiques sont une occasion d’explorer notre fonctionnement dans le mouvement plus en profondeur, dans un rythme doux, et de laisser dormir le cerveau, pour intégrer les expériences qui lui ont été proposées. Elles peuvent venir à la place ou en complément des séances hebdomadaires.
Et vous pouvez vous inscrire à celle-ci dès à présent, en nous contactant par mail…